Après Thierry Omeyer qui avait donné ses lettres de noblesse au poste de gardien de but pendant 18 ans avec l’équipe de France, un autre Alsacien, Jean-Luc Kieffer, s’occupe de mettre ses successeurs dans les meilleures dispositions possible, en tant qu’entraîneur des gardiens.
Au pied des pyramides de Gizeh, il compte les arrêts, tel un écolier méticuleux calcule les arêtes en cours de géométrie. Chaque détail est important dans la tâche à laquelle Jean-Luc Kieffer s’adonne quotidiennement avec une passion intacte alors qu’il est entré dans la catégorie des quinquagénaires.
Les chiffres qu’il livre dans chacun de ses rapports (avant, à la mi-temps et après les matches) sont scrutés par le staff et les joueurs. Ses observations également. Car celui qui a en charge le poste des gardiens a l’œil rivé sur ces phénomènes qui peuvent faire changer l’âme d’un match.
« Un gardien peut faire la pluie et le beau temps »
Sans avoir encore eu le temps de se plonger dans le livre de Thierry Omeyer, cet autre Alsacien qui a rejoint le staff des Bleus à l’automne 2019, est sur la même longueur d’ondes concernant l’influence d’un gardien sur un match. « Il peut faire la pluie et le beau temps. C’est clairement 50 % de l’efficacité d’une équipe, » acquiesce celui qui a gardé, dans les années 90, les buts du Racing Strasbourg (D1) et de Schutterwald en Bundesliga.
« C’est devenu tellement important qu’on en a spécialisé le poste. Ça s’est développé au cours des trois à quatre dernières années. Au point que pratiquement chaque nation de pointe possède un entraîneur des gardiens. » Jean-Luc Kieffer est entré dans la lumière en devenant le premier coach du genre en équipe de France.
Sa première expérience internationale, l’Euro-2020 en Norvège, a tourné à la bérézina, avec l’élimination de la France dès le premier tour. Un an plus tard, sa campagne d’Égypte est bien plus rassurante, les Bleus ayant atteint les quarts de finale invaincus.
Avec des gardiens qui brillent. Le sélectionneur a déjà fait appel à trois d’entre eux qui ont chacun répondu à bon escient. « C’est le fruit d’un an de travail avec eux, se félicite Jean-Luc Kieffer qui regrette la blessure de Wesley Pardin en cours de compétition. Vincent Gérard fait un bon mondial, l’entrée de Yann Gentil a aussi fait du bien. Pour l’instant je suis content des prestations des gardiens. En plus, il règne une bonne ambiance dans le groupe ce qui n’est pas toujours évident quand on se côtoie tous les jours. C’est plus facile avec les résultats de l’équipe. Mais pour les avoir, il faut bosser en amont. »
Mettre les gardiens dans les meilleures dispositions possible
Celui qui travaille au service des sports de l’Eurométropole de Strasbourg, avec lequel il reste régulièrement en contact depuis l’Égypte, malgré une absence qui va atteindre les six semaines, n’a pas chômé. « Je regarde pratiquement tous les matches de D1 et plus spécifiquement ceux des équipes où évoluent les cinq à six gardiens qui sont potentiellement sélectionnables ».
Durant la compétition, les journées d’un membre du staff technique sont chargées. Dans la bulle de l’hôtel où ne résident que les équipes du mondial, l’adjoint au maire de Willgottheim et par ailleurs entraîneur de Plobsheim (Nationale 2) se consacre à un minutieux travail de vidéo. Il en confectionne une quinzaine pour offrir un maximum de connaissances de l’adversaire à ses gardiens. Discute, examine, analyse. Et pour les joueurs de champ, il réalise encore une autre vidéo qui indique les points forts et les points faibles des gardiens adverses aux tireurs tricolores. Dans la réussite actuelle de l’équipe de France, on peut y voir la patte de ce travailleur aussi acharné que passionné.
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